III
LA LETTRE

Il s’écoula une journée entière avant que l’escadre de l’amiral Damerum fût visible pour les vigies de Bolitho. Mais il était tard, ils durent attendre une nuit de plus avant d’établir le contact.

Pendant toute la matinée, tandis que les bâtiments de Bolitho changeaient de route pour s’intégrer dans la formation élargie, Bolitho examina soigneusement avec une puissante lunette l’escadre de son amiral. Compte tenu de leur mission, le fait d’utiliser une force aussi imposante le laissait perplexe. Eté comme hiver, les forces britanniques étaient supposées faire respecter le blocus devant les côtes hollandaises, les côtes espagnoles et Cadix. Sans compter bien entendu les ports français, Brest et Toulon. En sus de cela, elles devaient patrouiller le long de routes commerciales vitales avec les Indes et les Antilles, les protéger contre l’ennemi, les corsaires, et même les pirates. La tâche était virtuellement impossible à accomplir.

A présent, le tsar Paul, qui n’aimait guère les Britanniques, alors que son admiration pour Bonaparte grandissait de jour en jour, risquait fort de sortir de sa neutralité. Par conséquent, il fallait en outre gaspiller quelques escadres dans les approches de la Baltique.

Herrick vint le rejoindre.

— Le troisième bâtiment, amiral, je pense que c’est celui de Sir Samuel Damerum.

Bolitho fit légèrement pivoter sa lunette pour la pointer sur celui qui arborait l’Union Jack au grand mât. Il y avait une grande différence entre ces bâtiments qui avançaient lentement et ceux de sa propre escadre. Les voiles étaient recousues, les coques fatiguées. Parfois, des bandes entières de peinture avaient été arrachées par le vent et la mer. Le contraste était grand avec ses deux-ponts qui sortaient de carénage.

Loin derrière les bâtiments de ligne, Bolitho distinguait à peine les huniers d’une frégate en patrouille, les « yeux de l’amiral ». Ses vigies devaient avoir les côtes danoises à la vue.

— Appelez mon canot, Thomas, nous serons sur eux dans une heure. Faites envoyer les vivres destinés à l’amiral par la chaloupe.

La rencontre de deux bâtiments à la mer donne toujours un sentiment étrange. Ceux qui viennent de naviguer pendant de nombreux mois sont avides de nouvelles fraîches. Les nouveaux arrivants ajoutent à l’inquiétude l’ignorance de ce qui les attend.

Son aide de camp attendait sur la dunette, la peau tendue par le froid.

— Voici le vaisseau amiral, lui dit Bolitho. Le second rang, là.

— C’est le Tantale, amiral, approuva Browne. Capitaine de vaisseau Walton.

Il disait cela sur le ton de la plus grande indifférence.

— Vous allez venir avec moi, fit Bolitho en souriant, vous pourrez vous assurer que je ne fais rien de déplacé.

— Nous sommes au bord de l’explosion, amiral, fit Herrick, et nous pourrions très bien nous retrouver à Spithead pour y chercher des ordres avant d’avoir compris ce qui nous arrive.

Bolitho était dans sa chambre à rassembler les dépêches qu’il venait de sortir de son coffre lorsque des craquements de poulies et le claquement de la toile lui indiquèrent que le Benbow carguait ses voiles pour venir dans le vent, afin d’affaler le canot.

Lorsqu’il remonta sur le pont, le spectacle était encore différent. Les bâtiments de l’amiral progressaient lentement, huniers brassés, comme une flotte ennemie dont le Benbow se serait préparé à briser la ligne. Un spectacle facile à imaginer, auquel Bolitho, Herrick et quelques autres avaient assisté trop souvent, alors que de nombreux marins du Benbow n’avaient pas entendu un seul coup de canon de leur vie.

— Canot le long du bord, amiral, cria Herrick en courant vers lui, le visage rendu soucieux par les nouvelles responsabilités qui l’attendaient : la conduite du bâtiment, plus celle de l’escadre en l’absence de Bolitho.

— Je ferai aussi vite que possible, Thomas.

Il enfonça solidement son chapeau sur sa tête. Les fusiliers attendaient à la coupée, les boscos, sifflet d’argent au bord des lèvres, étaient parés à lui préparer le passage.

Il ajouta :

— J’imagine que l’amiral n’aura guère envie de se trouver encombré d’un hôte forcé, si la mer venait à forcir, pas vrai ?

Un aspirant, dans une tenue irréprochable et donc assez inattendue, se tenait dans le canot qui bouchonnait en bas. Allday était à la barre, autant dire à sa place attitrée. Il avait dû soudoyer quelqu’un sur le pont et le convaincre que l’amiral préférait sa présence à celle d’un quelconque enseigne du bord. Si Allday continue comme cela, songea Bolitho, la prochaine fois, il n’y aura plus d’aspirant du tout. Browne était également à bord et réussissait à peu près à paraître élégant.

— Mâtez !

Trilles des sifflets ; Bolitho franchit d’un saut les derniers pieds et se retrouva dans la chambre au moment où le canot levait brutalement contre la muraille arrondie du Benbow.

— Larguez devant ! Avant partout !

Après avoir paré le deux-ponts, le canot commença à plonger et à sauter sur les vagues comme un dauphin. Bolitho vit en se retournant l’aspirant qui était couleur de cendre. Il s’appelait Graham, était âgé de dix-sept ans et se trouvait donc être l’un des plus vieux de ces « jeunes messieurs ». Ses chances de passer enseigne risquaient de devenir minces s’il était malade dans le canot qui conduisait son amiral chez un autre amiral.

— Asseyez-vous donc, monsieur Graham.

Le jeune homme le regardait fixement, tout étonné qu’un supérieur lui adressât la parole.

— La traversée va encore être dure.

— M… merci, amiral – il se laissa tomber, soulagé. Ça va aller, amiral.

De l’autre côté, Allday riait de toutes ses dents. C’était bien du Bolitho, de s’occuper ainsi d’un vulgaire aspirant. Plus amusant encore, Allday savait que ce malheureux Graham venait d’avaler un pâté qu’il avait emporté d’Angleterre. Pas de doute, le pâté devait déjà être moisi en arrivant à bord. Ajoutez à cela quelques jours passés en mer dans le poste des aspirants, en pleine humidité, la chose devait ressembler à du poison.

L’arrivée de Bolitho à bord du vaisseau amiral de Damerum fut à peu près aussi bruyante que l’avait été son départ du sien. Il aperçut sans les voir des baïonnettes qui brillaient, les tuniques rouges d’officiers impassibles, puis enfin l’amiral en personne qui s’avançait pour l’accueillir.

— Allons chez moi, Bolitho. Par Dieu, il fait un froid à vous transpercer la mœlle !

Le Tantale était nettement plus gros que le Benbow et les appartements de Damerum les plus luxueux que Bolitho eût jamais vus à bord d’un bâtiment du roi. Si l’on faisait abstraction du mouvement et des bruits étouffés qui y parvenaient, on eût pu se croire dans quelque riche hôtel. Revers de la médaille, aux postes de combat, toutes ces étoffes de prix et ces beaux meubles français risquaient fort de souffrir grandement.

Damerum lui indiqua un siège et un valet lui prit chapeau et manteau.

— Asseyez-vous donc, amiral et laissez-moi vous regarder un peu.

Bolitho alla s’asseoir. Sir Samuel Damerum, chevalier du Bain, amiral de la Rouge, était un homme d’une petite cinquantaine d’années. Il paraissait assez agité, faisait beaucoup de gestes, parlait avec un débit rapide, mais ses cheveux grisonnants et un léger embonpoint que son gilet blanc de fort belle coupe ne pouvait dissimuler lui donnaient l’air plus âgé.

— Ainsi c’est vous, Richard Bolitho !

Son regard s’arrêta brièvement sur la médaille d’or que Bolitho, en tenue de visite officielle, portait autour du cou : la médaille commémorative d’Aboukir, rien de moins. Il hocha la tête.

— Il y a des gens qui ont de la chance – puis, changeant brusquement de sujet, ce qui était visiblement chez lui une habitude : Quel est l’état de votre escadre ?

Il n’attendit pas la réponse et ajouta :

— Vous avez mis plus de temps à me rejoindre que je n’escomptais, mais on n’y peut rien, non ?

— J’en suis désolé, amiral. Le mauvais temps, des hommes pas encore amarinés. La routine.

Damerum se frotta les mains et, comme par enchantement, un domestique apparut.

— Du cognac, mon garçon ! Et pas ce tord-boyaux qu’on réserve aux commandants ! – il se mit à rire : Dieu du ciel, Bolitho, quelle guerre ! Ça n’en finit pas, je n’en vois pas le bout.

Bolitho se taisait, il était mal à son aise avec cet homme imprévisible qui parlait beaucoup pour ne rien dire. Il finit tout de même par se décider :

— Mon capitaine de pavillon va vous faire envoyer des vivres, amiral.

— Des vivres, fit Damerum, occupé à observer le cognac et les deux verres que le domestique venait de poser sur la table. Ah oui ! Mr. Fortnum, qui me fournit à Londres, fait de son mieux pour m’approvisionner, vous savez. Mais ce n’est pas facile, par les temps qui courent.

Bolitho n’avait pas la moindre idée de qui était ce Mr. Fortnum, mais il était bien conscient qu’il aurait dû le savoir. Le cognac embaumait et vous réchauffait votre homme. Encore un verre et, s’il ne prenait garde, il sentait qu’il allait s’assoupir.

— Très bien, Bolitho. Vous savez que vous allez prendre en charge le rôle d’escadre côtière. Nos petits problèmes avec les Danois semblent s’être calmés pour l’instant, mais je possède des informations selon lesquelles le tsar a grande hâte de s’allier aux Français contre nous. Avez-vous entendu parler du pacte qu’il a tenté de conclure avec la Suède ? – il n’attendit pas sa réponse et poursuivit : Il a toujours cette idée en tête. En outre, il a le soutien de la Prusse. A eux deux, ils peuvent contraindre les Danois à s’opposer à nous. Il n’est jamais très facile de vivre en paix à côté d’un lion enragé !

Bolitho essayait d’imaginer sa modeste escadre qui tentait de contrer l’avance des flottes de la Baltique agissant de concert. Beauchamp lui avait dit que la tâche ne serait pas facile.

— Allons-nous pénétrer en mer Baltique, amiral ?

Damerum fit signe à son domestique de remplir leurs verres.

— Oui et non. Une démonstration de force trop importante pourrait être mal interprétée, le tsar Paul en tirerait prétexte pour jeter de l’huile sur le feu et nous serions en guerre dans la semaine. En revanche, une force plus modeste, comme la vôtre, peut se déplacer avec des intentions pacifiques. Mes bâtiments sont en revanche connus de tous ces espions qui asticotent mes frégates. Tout le monde saura bientôt qu’une escadre de renfort est arrivée, mais une escadre moins importante, ce qui contribuera à faire baisser la tension et à diminuer les soupçons.

Il se mit à sourire, dévoilant ainsi des dents parfaites.

— En outre, Bolitho, si les choses devaient s’aggraver, nous ne pourrons rien faire avant l’année prochaine, mars au mieux. Nous ne pouvons attaquer les vaisseaux du tsar tant qu’ils sont au port, il faut attendre que la glace ait fondu. En attendant ce moment – il fixait Bolitho d’un regard très calme : Vous resterez ici pour surveiller ce qui se passe d’un peu plus près – il se mit à rire. De beaucoup plus près, devrais-je dire. Vous allez commencer par aller à Copenhague pour y rencontrer un représentant britannique.

Bolitho le regardait fixement.

— Mais, amiral, en tant qu’officier de grade le plus élevé, vous seriez certainement mieux à même de…

— Ce souci vous honore, mais nous devons avancer prudemment. Si nous envoyons quelqu’un de trop jeune, les Danois risquent de le prendre pour du mépris. S’il est trop ancien, cela risque de les inquiéter, ils penseront peut-être même que cela constitue une menace – et, le pointant du doigt : Non, un jeune contre-amiral est du bon niveau. C’est en tout cas ce que pense l’Amirauté et j’ai donné mon accord.

— Eh bien, je vous remercie, amiral.

Il ne savait trop quoi dire, tout allait si vite : une escadre, une nouvelle mission, et presque aussitôt on l’envoyait faire quelque chose de totalement différent. Il commençait à se dire que, après tout, Browne allait peut-être se montrer assez utile.

Damerum ajouta brusquement :

— En cas de doute, envoyez-moi un courrier rapide. La moitié de mes bâtiments rentrent en Angleterre pour caréner, les autres vont aller renforcer le blocus des côtes hollandaises. Tout ceci figure dans les ordres écrits que mon aide de camp va vous remettre. En voilà, des hommes heureux : ils portent dans leurs mains le sort d’une flotte, sans en supporter la moindre responsabilité !

Des rafales de pluie giflaient les fenêtres arrière. Il s’était mis à pleuvoir ou pis encore. Bolitho se leva.

— Je suis certain que je trouverai beaucoup d’intérêt à la lecture de ces ordres, sir Samuel – il tendit la main : Et merci pour la confiance que vous avez bien voulu m’accorder.

Il comprit en prononçant ces mots ce qu’ils signifiaient réellement, comme une amarre qui se tend brutalement. A lui d’interpréter ses ordres comme il l’entendait, il n’aurait personne à son côté pour l’aider ou le conseiller. Bonne ou mauvaise, la décision lui revenait.

— Je vous prie de m’excuser, Bolitho, je ne vous raccompagne pas. J’ai encore quelques lettres à confier au brick qui rentre en Angleterre.

Ils se dirigèrent vers la portière derrière laquelle Browne était en grande conversation avec un lieutenant de vaisseau d’assez triste figure. L’amiral ajouta :

— Bonne chance à Copenhague ! Je me suis laissé dire que c’était une belle ville.

Après la périlleuse descente le long de la muraille, Bolitho et Browne allèrent s’abriter dans la chambre et s’enroulèrent dans leurs manteaux.

— Tout s’est-il bien passé, amiral ? demanda Browne entre ses dents. J’aurais dû participer à cet entretien avec vous, mais l’aide de camp de l’amiral m’attendait pour me barrer le chemin. Il ne m’a même pas offert un verre de vin ! conclut-il, visiblement indigné.

— Nous allons à Copenhague, monsieur Browne – l’œil de l’officier s’alluma soudain. Cela vous convient-il ?

— Mais bien sûr que oui, amiral !

Cela faisait du bien de se retrouver à bord du Benbow. Il était peut-être trop neuf, son entraînement laissait à désirer, mais il avait déjà sa personnalité, il en émanait une chaleur qui manquait à bord du vaisseau amiral d’où il venait. Peut-être fallait-il y voir l’influence de Herrick ? On n’est jamais sûr de rien avec les bâtiments, songea Bolitho.

— Nous allons à Copenhague, Thomas. Nous allons mettre en route immédiatement pour le Skaw et je vais informer l’escadre de ce qui se passe – il se mit à sourire en voyant l’air sérieux de Herrick : Enfin, dès que je le saurai moi-même.

Le Skaw se trouvait à une centaine de milles, à l’extrémité septentrionale du Danemark. Cela lui laisserait amplement le temps d’étudier ses ordres et, peut-être, de deviner ce qui n’y figurait pas.

 

Confortablement installé dans un fauteuil, Bolitho attendait qu’Allday eût fini de le raser. Il était très tôt, une faible lueur traversait les vitres salies par le sel, mais Bolitho était déjà réveillé depuis une heure et se préparait à une journée de vérifications diverses. Il allait devoir relire ses ordres pour vérifier si rien ne lui avait échappé.

Il se surprenait lui-même d’être aussi détendu : le rasoir glissait sur son cou et il rêvassait, entendait des bruits d’eau au-dessus de lui et les bruit de pieds nus des hommes occupés à essarder les ponts.

Il eut soudain l’impression d’entendre la grosse voix du bosco, Swale, surnommé le Gros Tom. Il avait une voix bizarre, à peine un murmure : il avait perdu toutes ses dents de devant. Blessure de guerre, bagarre ? Bolitho n’en savait rien. Herrick lui avait dit qu’il était bon bosco, Swale devait à cette heure inspecter l’arrière et la dunette. Les premières semaines d’un bâtiment neuf à la mer étaient toujours pénibles. La membrure n’avait pas encore trouvé la forme qu’allaient lui donner des années de guerre et pouvait avoir un comportement étrange à bord d’un vaisseau qui remuait dans toutes les directions.

Le Benbow se comportait fort bien, se révélait bon marcheur et les autres deux-ponts avaient dû à plusieurs reprises augmenter la toile pour le suivre. Un beau bâtiment qui avait dû consommer une forêt entière à lui tout seul.

Bolitho se redressa d’un seul mouvement et Allday s’exclama :

— Doucement, amiral ! Je finis tout juste le cou ! Le son du canon. Je l’ai entendu, moi aussi ! ajouta-t-il.

Bolitho essaya de se lever, se laissa retomber.

— Terminez, je vous prie – il essayait de rester calme. Gela ne me servirait de rien, de monter sur le pont.

C’était toujours aussi dur. Il avait l’habitude de se rendre immédiatement sur la dunette pour aller évaluer la situation par lui-même. Le souvenir de l’un de ses premiers commandants lui revint : il était alors jeune aspirant, on lui avait donné l’ordre de faire passer un message à l’arrière, message destiné à l’une des Seigneuries. Le commandant buvait dans sa chambre, Bolitho le revoyait comme s’il y était. Il lui avait tendu son message, le commandant s’était à peine retourné en lui déclarant : « Mes compliments au second, monsieur Bolitho. Dites-lui que j’arrive dans un instant. Enfin, si vous avez encore assez de souffle pour aller jusqu’à lui ! » Peut-être mourait-il d’envie de monter sur-le-champ, tout comme c’était précisément le cas de Bolitho.

Quelqu’un frappa à la portière. Herrick entra dans la chambre.

— Bonjour, Thomas, fit-il en souriant.

Il ne pouvait pas jouer à ce petit jeu-là avec Herrick, et il enchaîna :

— J’ai entendu.

— D’après le relèvement, répondit Herrick, je dirais que c’est La Vigie, amiral, dans le nordet.

Bolitho se sécha avec sa serviette et se leva. Le pont se mit à trembler, le bâtiment tombait dans un creux. La Vigie était une petite corvette, son commandant était Veitch, l’ancien second de Herrick. C’était un homme à l’air sombre, natif de Tynemouth, parfaitement digne de confiance, et qui s’était hissé là où il était à la force du poignet. S’il décidait de faire son affaire d’une rencontre, c’est qu’il s’agissait d’un petit bâtiment manœuvrant. Mais pour l’heure, Veitch avait certainement estimé qu’il devait prévenir le vaisseau amiral ou demandait assistance. De toute façon, il n’était pas homme à crier au feu pour rien.

— Sans doute un briseur de blocus, amiral, suggéra Herrick.

Ozzard arrivait avec la vareuse de Bolitho et la lui tendit comme un Espagnol excite un taureau.

— Aucune de nos frégates en vue ? demanda Bolitho.

D’autres explosions retentirent, l’écho se répercuta sur la muraille du Benbow. Des claquements secs et brefs. Au bruit, on devinait les pièces de chasse de La Vigie.

— Je n’en ai vu aucune lorsque je me trouvais sur le pont, amiral, répondit Herrick. L’Implacable doit être loin dans le suroît et le Styx sous le vent, comme il en a reçu l’ordre.

— Parfait, répondit Bolitho en enfilant sa vareuse, qui lui parut humide. Allons voir par nous-mêmes.

Le ciel était très clair lorsqu’ils émergèrent de dessous la dunette. Wolfe se précipita à leur rencontre.

— La hune a La Vigie en vue, amiral. Elle est à côté d’un autre bâtiment de faible tonnage, un brick ou en tout cas un bâtiment à un seul mât qui lui tire dessus !

Il souriait de toutes ses dents.

Bolitho savait pertinemment à quoi il pensait : il y avait de la capture dans l’air, donc des parts de prise, peut-être un commandement à prendre. Se retrouver, même à titre temporaire, commandant d’une prise en temps de guerre était un sort enviable, si on y ajoutait un peu de chance. Bolitho avait connu cela, qui lui avait valu son premier commandement.

Les hommes arrivaient autour de la dunette avec des fauberts et de l’eau. Dans l’ombre on distinguait encore mal les visages. Tous savaient très bien que l’amiral était là, mais qu’est-ce que cela signifiait pour eux ? Le combat ? la mort, la mutilation ? Seule chose certaine, cela signifiait un peu d’animation qui allait rompre la monotonie des jours.

Bolitho aperçut quelques-uns des officiers rassemblés sous le vent. Byrd et Manley, respectivement quatrième et cinquième lieutenants, puis Courtenay, beaucoup plus jeune, sixième lieutenant, celui qu’Allday avait remplacé dans le canot amiral.

Il lui fallait trouver le temps de les voir et de faire leur connaissance. Par bonheur, il connaissait bien tous ses commandants, mais, si le Benbow devait soutenir un dur combat, l’un de ces officiers avait toutes chances de se retrouver commandant lui-même après une seule bordée suffisamment meurtrière.

Wolfe, qui avait l’œil rivé à sa lunette, annonça :

— L’Implacable arrive, amiral. Je vois le haut de ses huniers. Ça sent fort le combat, amiral !

Bolitho se représentait fort bien l’activité à bord de cette frégate de trente-six. Il n’avait vu Rowley Peel, son jeune commandant, qu’à deux reprises. C’était un cas un peu à part dans son escadre, mais il ne traînait pas lorsqu’il s’agissait d’aller là où le devoir l’exigeait : quitter son poste pour protéger ses grosses conserves, pour harceler l’ennemi et faire tout ce que l’amiral pourrait lui ordonner.

— Il va faire meilleur, grommela le vieux Grubb. Beau temps, de la visibilité.

Puis il retomba dans son silence habituel, les mains enfouies dans son manteau de quart tout râpé.

Wolfe aperçut Pascœ sur le passavant sous le vent et cria :

— Voudriez-vous grimper là-haut, monsieur Pascœ ? Prenez une lunette et essayez de voir ce qui se passe.

Pascœ jeta sa coiffure à un marin et courut vers les enfléchures au vent. Avant que Bolitho eût pu voir où il se trouvait, il était déjà à mi-hauteur dans le fouillis du gréement, un peu en dessous de la grand-vergue. Il ne pouvait oublier sa propre peur à l’idée de grimper et à quel point il avait dû prendre sur lui à l’âge de Pascœ. Il ne put s’empêcher de sourire : on le trouverait ridicule s’il avouait que ce que sa promotion lui avait apporté avant tout, c’était de ne plus devoir grimper dans ces enfléchures qui tournoyaient au-dessus de lui.

Pascœ les héla, sa voix couvrait le tintamarre des voiles et des manœuvres.

— La Vigie est à l’abordage, amiral ! L’autre est un brick, il n’a pas hissé ses couleurs… Mais non, je vois notre pavillon à présent !

Plusieurs des hommes qui traînaient sur le pont et les passavants se mirent à pousser des vivats, Herrick s’exclama :

— Voilà une affaire rondement menée ! Bien joué.

— Vous avez bien formé votre ancien second, Thomas, approuva Bolitho.

Le lieutenant de vaisseau Browne apparut dans la descente arrière. Il boutonnait encore sa veste et demanda :

— J’ai entendu du bruit, que se passe-t-il ?

— Eh bien, glissa Wolfe au pilote, en voilà un qui va nous être utile !

C’est Herrick qui répondit :

— Nous avons fait une prise, monsieur Browne. J’ai peur que vous ne soyez arrivé trop tard.

Quelques-uns des marins qui se trouvaient assez près se mirent à rire et à se donner des bourrades. Bolitho nota le changement d’attitude : ils étaient davantage à leur aise, désormais.

— Ohé, du pont ! Terre en vue sous le vent !

Herrick et le pilote allèrent consulter la carte dans l’abri pour vérifier leur position.

Le Skaw, probablement. Cet étrange brick devait en être tout près. Une heure de mieux, il leur aurait échappé.

— Je descends déjeuner, annonça Bolitho. Prévenez-moi dès que La Vigie sera suffisamment proche pour que nous puissions échanger des signaux.

Herrick était dans l’embrasure de l’abri et, la main en visière, s’efforçait d’apercevoir les autres vaisseaux.

— Mr. Grubb pense que nous serons à l’entrée du Skaw avant midi si le vent reste favorable.

— Je crois qu’il a raison. Lorsque nous y serons, signalez à l’escadre de mouiller en ligne de front.

Bolitho salua les autres officiers et se dirigea vers l’arrière.

Herrick poussa un soupir. Il se sentait un peu tendu lorsque Bolitho était là, mais il éprouvait le même sentiment lorsqu’il s’en allait.

Pascœ redescendait sur le pont. Il récupéra sa coiffure et arrivait sur la dunette lorsqu’une petite silhouette émergea entre deux dix-huit-livres et dit :

— Excusez-moi, monsieur !

C’était l’aspirant Penels.

— Qu’y a-t-il ? fit Pascœ en s’arrêtant pour l’examiner.

« Ai-je ressemblé à ça ? » se demandait-il.

— Je… je ne sais trop comment vous expliquer, monsieur.

Il avait l’air si désespéré que Pascœ lui répondit :

— Parlez.

Il était quasiment impossible de trouver un endroit où causer tranquillement à bord d’un bâtiment de guerre. A l’exception du commandant ou d’un homme mis aux fers à fond de cale, personne n’était jamais seul.

Pascœ connaissait très mal ce nouvel aspirant. Il savait qu’il était originaire de Cornouailles, rien de plus.

— Vous venez de Bodmin, si je me souviens bien ?

— Oui monsieur.

Penels regardait autour de lui comme un animal traqué.

— Il y a un homme dans votre division, monsieur. Quelqu’un avec qui j’ai été élevé en Angleterre.

Pascœ s’écarta pour laisser passer un détachement de fusiliers qui faisaient l’exercice.

— Il s’appelle John Babbage, monsieur, il a été pris par le détachement de presse, à Plymouth. Je ne l’ai su qu’une fois en mer. Il a travaillé chez ma mère après la mort de mon père, monsieur. Il a toujours été gentil avec moi, c’était mon meilleur ami.

Pascœ détourna les yeux : il n’avait pas à se mêler de ce genre de chose. En tout état de cause, Penels aurait dû s’adresser au second ou au pilote.

Pourtant, il se souvenait de ses propres débuts, lorsqu’il avait pris à pied le chemin de Penzance à Falmouth. Il avait faim alors, il n’était qu’un petit garçon abandonné.

— Pourquoi vous adressez-vous à moi, monsieur Penels ? Dites-moi la vérité.

— Mon ami m’a dit que vous étiez un bon officier, monsieur, pas aussi dur que les autres.

Pascœ essaya de s’imaginer le malheureux Babbage. Un garçon aux yeux fous ; il lui donnait à peu près le même âge qu’à Penels.

— Monsieur Penels, nous appartenons à une escadre, à présent. Si vous étiez venu me trouver lorsque nous étions au mouillage, j’aurais pu tenter quelque chose.

Mais tout en parlant il se disait qu’avec Wolfe cela n’aurait guère fait de différence. Un bâtiment avait besoin d’hommes, n’importe qui faisait l’affaire. Wolfe était un officier de valeur par bien des aspects, mais le cas d’un quelconque individu ramené à bord par la presse le laissait de glace.

Cela dit, Penels et son compagnon d’enfance devaient trouver leur sort bien dur. Ils avaient embarqué sur le même bâtiment, aucun des deux ne savait que l’autre était là, le bâtiment avait pris la mer. A présent, ce n’était pas seulement leur rang et leur statut qui les séparaient. La géographie même du bâtiment les isolait l’un de l’autre. Penels était affecté au mât d’artimon et aux neuf-livres de la dunette. Babbage était homme de pont, affecté à la misaine. Il était jeune et agile, avec un peu de chance il aurait bientôt appris à monter là-haut au côté des gabiers, l’aristocratie de la mer.

Il s’entendit répondre :

— Je vais voir ce que je peux faire, mais je ne vous promets rien.

Et il s’éloigna, incapable de supporter le regard plein de gratitude que lui jetait Penels.

 

Le capitaine de frégate Matthew Veitch entra dans la chambre de Bolitho et jeta autour de lui un regard plein d’intérêt. Sur son épaule gauche, l’épaulette dorée qui indiquait son grade contrastait étrangement avec son manteau de mer foncé. Veitch avait servi dans le temps sous les ordres de Bolitho, il savait qu’on ne lui serait nullement reconnaissant d’avoir perdu du temps à se changer avant de se rendre à bord du vaisseau amiral.

— Asseyez-vous et racontez-moi tout, lui dit Bolitho.

Se retrouver au mouillage faisait une impression étrange. Les quatre bâtiments de ligne avaient jeté l’ancre en formation serrée, on apercevait les côtes danoises par les fenêtres de muraille. Les frégates étaient toujours en patrouille. Comme les chiens de garde, elles n’étaient jamais en repos.

La corvette était mouillée avec sa prise devant la pointe de Skaw. Au cours des derniers mois, l’endroit était devenu le lieu de rendez-vous et de relâche préféré de la flotte.

Veitch étendit ses longues jambes.

— La prise est un brick de commerce, amiral, l’Echo, en provenance de Cherbourg. Il a réussi à passer au travers de nos patrouilles la semaine passée, en profitant de la tempête, à ce que dit son patron. Il a essayé de prendre la fuite, mais je l’ai rattrapé vite fait.

Bolitho regardait vaguement la porte dans la cloison. Browne se tenait de l’autre côté, il avait une bonne connaissance de la langue française et était occupé à compulser les papiers de l’Écho que Veitch avait apportés.

Un brick français. Pas de cargaison apparente ni de passagers. Il avait pris un risque énorme en tentant de forcer le blocus, et encore un plus grand risque en essayant d’échapper à La Vigie.

— Où se rendait-il ?

— Je pense que son patron a de faux papiers, répondit Veitch en haussant les épaules. Mais l’un de mes aspirants a retrouvé les cartes en bouchon dans le lazaret – il se mit à rire : J’imagine que ce lascar essayait de trouver de la nourriture, mais je n’en diminuerai pas son mérite pour autant ! – il redevint sérieux : Deux endroits étaient soulignés, Copenhague et Stockholm.

Herrick quitta la fenêtre auprès de laquelle il se tenait.

— Ça sent le roussi, amiral.

— Vous pensez la même chose que moi, Thomas ? repartit Bolitho en se retournant. Que les Français auraient quelque chose à voir avec la mauvaise humeur du tsar Paul ?

— J’en suis certain, répondit Herrick. Plus ils peuvent rallier de monde, mieux cela vaut pour eux. S’ils arrivent à leurs fins, nous aurons la terre entière contre nous !

La porte s’ouvrit, Browne entra. Il tenait une des lettres à la main, le sceau brisé luisait lugubrement comme du sang séché. Il leva le sourcil d’un air interrogatif.

— Que contient cette lettre ? lui demanda Bolitho.

Il avait remarqué que Browne ne lui disait jamais quoi que ce fût sans sa permission, lorsque quelqu’un d’autre était présent.

— Elle est adressée à un représentant de la France à Copenhague, amiral.

Ils se regardèrent. Cela ressemblait à un rendez-vous monté entre amis et ennemis.

Browne continua de sa voix neutre :

— La lettre est écrite par le commandant en chef à Toulon, elle a transité par Paris et Cherbourg.

— Ne nous faites pas languir, s’exclama Herrick, incapable de contenir davantage son impatience.

Browne se tourna vers lui sans réagir :

— Les forces françaises de Malte se sont rendues à l’escadre britannique qui menait le siège, amiral. Cela remonte au mois dernier.

Herrick restait perplexe :

— Bon, eh bien voilà sûrement une bonne nouvelle ! Maintenant que Malte est entre nos mains, les Français vont avoir du mal en Méditerranée !

Mais Browne, lui, ne souriait pas.

— Il faut savoir, monsieur, que le tsar Paul est devenu en quelque sorte le protecteur des chevaliers de Malte. Lorsque les Français se sont emparés de l’île, cela l’a rendu furieux. Cette lettre explique que le gouvernement français a offert au tsar de lui remettre la souveraineté de l’île, tout en sachant très bien qu’elle tomberait de toute manière aux mains des Britanniques.

— Je ne vois toujours pas ce que ça change, fit Herrick en tendant les mains.

— Thomas, lui expliqua Bolitho, les Britanniques ne vont pas abandonner Malte. L’île est trop importante pour nous, comme vous l’avez justement remarqué. Les Français se sont livrés à une manœuvre subtile : quel meilleur moyen de retourner le tsar et ses amis contre nous, à la fin du compte ? C’est nous et non les Français qui faisons désormais obstacle entre lui et ses chevaliers de Malte bien-aimés.

— Cela résume très bien les choses, amiral, conclut Browne.

— Il est évident que Sir Samuel Damerum ne savait rien de tout cela. Avec le mauvais temps, les nouvelles ont mis du temps à arriver.

— Mais, fit Veitch en s’éclaircissant la gorge, c’est vous qui avez cette lettre, amiral.

— Exact, répondit Bolitho en souriant, grâce à vous.

— Comptez-vous en tirer parti, amiral ? lui demanda Browne, toujours impassible.

Bolitho s’approcha de la fenêtre et contempla les vaisseaux à l’ancre.

— Il n’y a personne d’autre dans les parages. Je crois que, plus vite nous ferons, mieux ce sera.

— Amiral, déclara Herrick, tout ceci me dépasse.

Bolitho arriva rapidement à toute une série de décisions. C’était sans doute trop tard, les courriers devaient déjà avoir atteint Copenhague par voie de terre. Mais, dans le cas contraire, l’Amirauté ne le féliciterait certainement pas d’être resté planté là sans rien faire.

— Faites venir mon secrétaire. Je vais rédiger des ordres pour le brick. Veitch, choisissez un équipage de prise, je veux qu’il se rende sans délai à Yarmouth. Trouvez un capitaine de prise astucieux, il faut qu’il se débrouille pour faire parvenir ces dépêches à Londres le plus vite possible.

Et, se tournant vers Herrick :

— Je vais transférer ma marque à bord du Styx. Prévenez-le.

Il devinait tous les arguments qu’on allait lui opposer, il voyait à la tête de Herrick qu’il s’apprêtait à protester. Il ajouta tranquillement :

— Je ne vous demanderais pas de conduire le Benbow sous les batteries d’Elseneur, Thomas, si nous étions déjà en état de guerre ! Comme nous sommes encore en temps de paix, je crois qu’une frégate sera considérée comme moins menaçante.

Yovell, son secrétaire, était déjà là. Il avait ouvert le pupitre pliant prévu pour de semblables occasions.

— Veitch, vous assurerez les missions du Styx pendant ce temps-là.

Il apercevait du coin de l’œil Yovell qui préparait ses plumes et son encrier pour noter les nouveaux ordres du Styx, un rapport à l’Amirauté et même, en prime, une sentence de mort si on le lui avait demandé.

Bolitho conclut à l’attention de Herrick :

— Vous prendrez le commandement de l’escadre jusqu’à mon retour. Si je n’ai pas donné signe de vie au bout d’une semaine, vous déciderez en conséquence.

Herrick comprit qu’il n’avait plus qu’à s’incliner.

— Et quand partez-vous ?

— J’espère passer sur le Styx et appareiller avant la tombée de la nuit.

Lorsque Herrick et Veitch furent partis exécuter ses ordres, Bolitho demanda au lieutenant de vaisseau :

— Pensez-vous que j’agisse de façon inconsidérée ? – et, comme Browne restait perplexe, il ajouta : Allez, allez, vous devez commencer à me connaître, après une semaine en mer. Je ne vais pas vous couper la tête si je ne suis pas d’accord avec vous. Mais je peux également ne pas tenir compte de votre avis.

Browne haussa les épaules.

— D’une certaine façon, je partage l’appréhension de votre capitaine de pavillon, amiral. Je connais vos antécédents, j’ai lu avec admiration le récit de vos exploits – il le regardait droit dans les yeux : De même que le capitaine de vaisseau Herrick, je vous vois plus comme un homme de mer que comme un diplomate.

Bolitho se souvint de sa visite à bord du vaisseau amiral de Damerum. Il avait trouvé étrange que Damerum ne prît pas lui-même cette initiative. Il était amiral de longue date, on le respectait. La plupart des gens se seraient attendus qu’il le fît, pour ne pas dire qu’ils l’auraient exigé.

Browne ajouta :

— Mais à présent, amiral, vous n’avez plus guère de marge de manœuvre. Si je puis faire une suggestion, tirée de l’expérience que j’ai acquise avec Sir George Beauchamp, je conseillerais d’agir prudemment. Vaincre est une chose, jouer le rôle de l’appât est souvent plus risqué.

Herrick revenait. Il se frottait les mains, il avait l’air gelé.

— Le Styx a fait l’aperçu, amiral. Puis-je me permettre de vous suggérer de prendre quelques marins avec vous ? – il esquissa un sourire timide : Je sais que mes protestations ne serviraient de rien, j’ai donc pris la liberté de demander à Mr. Wolfe de désigner trente marins et deux officiers subalternes : un lieutenant de vaisseau et un aspirant, pour les signaux ou les choses de ce genre.

— Voilà qui me semble judicieux, Thomas. Je suis sûr que le commandant Neale appréciera, lui aussi.

Le capitaine de vaisseau Neale, soupira Herrick en hochant la tête. Quand je revois ce chérubin que nous avions enduit de graisse pour le faire passer dans une manche à air !

Bolitho essayait de remettre de l’ordre dans ses pensées, qui, comme trop souvent, se bousculaient dans sa tête, telles des drisses larguées battant dans tous les sens et affolant leurs poulies. L’analyse de Browne méritait réflexion.

— Très bien, Yovell, écrivez ce que je vais vous dicter. Herrick était sur le point de disposer, mais demanda :

— Quel lieutenant de vaisseau souhaitez-vous emmener, amiral ?

— Mr. Pascœ – il sourit. Mais j’espère que vous y aviez pensé tout seul !

 

Cap sur la Baltique
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